Misère(s) de l’Islam de France. Avec Didier Leschi.
Ci-dessous, retrouvez la vidéo de cette soirée du 20 février 2019, pour laquelle ni la Société Louise Michel ni son invité n’avaient cédé à la facilité. Les questions liées à l’islam de France prêtent souvent à des controverses passionnées, par exemple au sujet du voile, mais plus largement à tout ce qui touche à la laïcité dans ses rapports au religieux.
Didier Leschi, haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, responsable des années durant du Bureau central des cultes, a accumulé une importante expérience et une grande connaissance quant à la situation des musulmans dans la société française. Il sait les mettre au service d’une réflexion approfondie et engagée, dont témoigne le livre dont il avait accepté de venir nous parler : Misère(s) de l’islam de France (éditions du Cerf.2017).
Le pluriel ajouté au mot misère fait référence à de multiples questions, toutes délicates et difficiles, mais dont on ne saurait s’interdire de débattre. Démonstration faite par l’exposé de l’orateur et l’échange qui s’en est suivi.
C’est chiffres à l’appui que Didier Leschi a montré combien pour les musulmans de France ont changé depuis vingt ans les conditions d’exercice de leur culte. Etant entendu que par musulmans il convient d’entendre, non la communauté incernable de celles et ceux qui se revendiquent d’un « islam culturel », mais bien les croyants, pratiquants, qui s’inscrivent dans la Révélation.
Avec le concours de l’État et des collectivités locales, des mosquées, souvent d’une grande beauté architecturale, ont été érigées en nombre, ont été créés des carrés musulmans dans les cimetières, et aussi des aumôneries (dans l’Administration pénitentiaire, dans l’armée…), le halal s’est développé à grande échelle…
Dans le même temps, et contradictoirement à cette évolution positive, n’ont pas été surmontés les obstacles à l’instauration d’une instance pleinement représentative du culte musulman, permettant à celui-ci d’exister au même titre que les autres religions présentes en France. Difficultés qui renvoient aux multiples spécificités de l’islam en France : les legs historiques, les relations avec les États des pays d’origine (en particulier l’Algérie, le Maroc, la Turquie…), les diverses sensibilités et orientations divergentes en son sein.
Toutes choses qui jusque-là ont empêché que naisse en France cet « islam des lumières » qu’espérait Jacques Berque. Et même plus modestement la création d’une Faculté de théologie musulmane, prévue en Alsace, qui apparaissait porteuse d’évolutions prometteuses.
Au terme de cette réunion chacune et chacun se sentait davantage informé et conscient des défis qui restent à relever.
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