Dialogues d’exilés, de Bertolt Brecht, lus par Arnaud Carbonnier et Hervé Dubourjal.

Soirée d’exception, ce 23 janvier 2019 au Lieu-Dit (Paris XXe). Plus loin sa vidéo.

Cette fois, pas une conférence, mais une lecture-spectacle, avec ces Dialogues d’exilés de Brecht (Bertolt et non Bertold, rappellera d’entrée de jeu Hervé Dubourjal, nous disant avec humour tout le mal qu’on est en droit de penser du grand dramaturge allemand… Commencés en 1940-1941 en Finlande et achevés aux États-Unis, ces Dialogues, publiés en Allemagne en 1961 et traduits en français par Gilbert Badia et Jean Baudrillard en 1965, plusieurs fois mis en scène depuis.

Ziffel et Kalle sont dans le buffet de la gare d’une ville européenne, à boire des bières, à échanger des propos politiques et à se lire les textes d’un journal en cours d’écriture. Et ils résonnent d’étrange manière, ces dialogues, qui font rire, secouent et dérangent, éclats d’une réalité qui traverse le temps, nous rappelant tous ceux dont le droit d’existence dépend de la détention, ou de la privation, d’un passeport. « Le passeport est la partie la plus noble de l’homme, dit l’un. D’ailleurs un passeport ne se fabrique pas aussi simplement qu’un homme. On peut faire un homme n’importe où, le plus étourdiment du monde et sans motif raisonnable. Un passeport, jamais. Aussi reconnaît-on la valeur d’un bon passeport, tandis que la valeur d’un homme, si grande soit elle, n’est pas forcément reconnue. » Et nos deux exilés d’évoquer aussi l’exploitation, des « insignifiants » par les « importants », de disserter sur la démocratie et sa négation, et sur le peuple, qui n’est pas le même selon qu’il est observé de l’extérieur ou vécu de l’intérieur.

Une soirée qu’on n’oubliera pas de sitôt. Un grand merci à Arnaud Carbonnier et à Hervé Dubourjal. Et aussi à Bertolt Brecht.

L’enregistrement