La caste, enquête sur cette haute fonction publique qui a pris le pouvoir. Avec Laurent Mauduit.

Le 14 novembre 2018 (Voir vidéo ci-après), on se réunissait donc autour de Laurent Mauduit, journaliste, cofondateur de Médiapart, invité à venir nous présenter son dernier livre, paru en septembre aux Editions La Découverte. Entrée en matière : Macron a-t-il, comme il l’a affirmé, arraché la victoire « par effraction » ? Pas vraiment, répond Laurent Mauduit, qui voit dans celle-ci l’aboutissement d’une histoire de longue durée. Celle d’une « sécession » de la haute fonction publique française, qui s’inscrit dans l’évolution du capitalisme et de la classe dirigeante. D’un côté, la vie des affaires, marquée par les privatisations, la domination de la finance, la tyrannie aggravée du Capital sur le Travail… De l’autre, l’évolution de cette haute fonction publique, principalement le corps de l’Inspection des finances, adepte du pantouflage : le passage de l’administration aux directions des grandes entreprises (les banques évidemment, mais aussi des groupes tels Casino et Carrefour…) Et aussi, donnée plus récente, les rétro-pantouflages : le retour au public, après cette immersion dans le privé. Ce qui, une fois adaptation faite aux différents rouages du système, à ses règles, à ses privilèges, et carnet d’adresses en poche, se traduit par un retour aux postes du pouvoir. Ce que Laurent Mauduit dénonce comme « une privatisation de l’intérieur de l’État », et ce aux dépens des valeurs revendiquées de la République. D’où des problèmes éthiques, voire pénaux (« conflits d’intérêt »).

Et de cette transformation de l’État et du capitalisme, Macron lui apparaît comme la figure emblématique.

Référence à Marc Bloch à l’appui, est évoquée une « défaite » de la République, celle-ci se voyant privée d’élites qui lui seraient fidèles.

Après la présentation de son enquête par Laurent Mauduit, Pierre-Yves Collombat, sénateur communiste du Var, rapporteur de la Commission d’enquête sur les mutations de la haute fonction publique, Dominique Plihon, économiste, porte-parole d’Attac, et Dominique Sicot, rédactrice en chef adjointe de L’Humanité Dimanche, viendront apporter leurs éclairages, avant que le débat ne s’engage avec la salle.

L’enregistrement