Humaniser l’humanité. Par Laurence Pecqueux-Binet, membre de Gynécologie sans Frontières.

Il arrive que les discours critiques et les bonnes intentions ne suffisent pas. Il arrive que la dignité des gens disparaisse derrière les chiffres et les statistiques. C’est ce qu’a magnifiquement montré (voir vidéo ci-après) Laurence Pecqueux-Binet, le 18 janvier 2022, faisant le récit de son intervention comme gynécologue-obstétricienne en Jordanie d’abord, dans un immense camp regroupant près de 100 000 réfugiés syriens, puis dans les Hauts-de-France, dans la Jungle de Calais. Les images qu’elle en a rapportées, en particulier au moment des opérations de démantèlement, ont bouleversé l’assistance. « Revenir de Calais a été plus difficile que de revenir de Jordanie », a-t-elle confié. « On a besoin d’être fort pour aider », dit-elle. Car là, ce qui menace la dignité des migrants, c’est notre indignité à nous, Européens, toujours donneurs de leçons. Laurence nous a fait sentir, au sens fort, ce qui se passe dans les camps, cette précarité poussée à son extrême qui oblige les intervenants, membres d’associations, à faire preuve de tact et de diplomatie pour aider les migrants face à l’indifférence, aux différences culturelles, au mépris, mais aussi face aux maltraitances et aux violences. L’essentiel aujourd’hui est de raconter ce qui se passe, de témoigner pour les millions de personnes concernées de par le monde. Grâce au témoignage de Laurence, on a pu toucher du doigt la barbarie.