Le Savoir, la chose du monde la mieux partagée… Ou de l’injustice épistémique. Par Salah Mosbah et Faouzia Belhachemi.

Soit, ce mardi 24 mai 2022, un sujet énigmatique pour la plupart d’entre nous. Donc, introduits par Samah Dellai, venus nous en causer, de cette injustice épistémique, le philosophe Salah Mosbah et l’anthropologue Faouzia Belhachemi (voir vidéo ci-après). Le premier nous rappellerait d’abord que tout rapport de domination inclut une dimension symbolique : qui est dominé se trouve privé du droit à sa propre parole, menacé de la voir discréditée. Et de donner à percevoir que la préoccupation de cerner les pratiques d’injonctions épistémiques invite à se tourner vers de multiples domaines : celui du féminisme, bien sûr (« entendre la parole de la victime », quelle actualité !), mais aussi les relations entre ethnies, le quotidien des vies professionnelles, voire familiales, les rapports Nord-Sud, et tant d’autres. À cette enseigne, cette ambition de Faouzia Belhachemi dont elle nous ferait part : donner la parole à des invisibles. Ainsi, accompagnant chants et danses, de leurs musiques, dites non savantes, la transmission de leur Science relevant de traditions orales. Et cela à travers les siècles, en remontant bien avant la colonisation, jusqu’à aujourd’hui, et dans l’immense espace qui va de l’Atlantique à la Méditerranée, entre Maghreb et Sahel. Une recherche rendue possible par la formation de groupes d’études collaboratifs entre l’Algérie et la Tunisie, et qui aura permis que naissent des diplômes inédits d’ethnomusicologie. Et aussi d’ouvrir des perspectives multiples d’études pour l’avenir.