Svetlana Alexievitch, une histoire soviétique. Avec Ariane Pérez et Hervé Dubourjal.

La soirée organisée ce mardi 15 décembre 2015 par Ariane Pérez, avec Hervé Dubourjal, autour de l’œuvre de Svetlana Alexievitch peut être considérée comme une des réunions les plus réussies depuis la création de la société Louise-Michel. Tous pourront le constater en regardant la vidéo qu’on retrouvera plus loin
L’œuvre littéraire d’Alexievitch est toute entière tournée ver le recueil de témoignages de cet homo sovieticus si particulier, effrayant et fascinant en même temps (« On nous reconnaît tout de suite », « seul un Soviétique peut comprendre un Soviétique », écrit-elle). Mais il ne s’agit évidemment jamais de témoignages bruts : c’est l’extraordinaire travail d’écriture accompli par l’auteur qui permet de ressentir une émotion aussi forte à la lecture de ses livres. L’auteur raconte d’abord avoir vécu dans cet étrange territoire, l’ex-Union soviétique, et plus particulièrement dans ces régions où les massacres, successivement nazis et staliniens, ont quasiment rayé les hommes de la surface de la terre : « Je ne me souviens d’aucun homme », écrit-elle.
Quatre de ses livres ont fait l’objet d’une présentation et de lectures d’extraits, accompagnées de la projection d’extraits de films. Le premier, La guerre n’a pas un visage de femme, nous donne le témoignage de ces 600 000 ou 700 000 femmes qui ont rejoint l’Armée rouge au cours de la Seconde Guerre mondiale, à leurs risques et périls… En particulier celui d’être traitées comme des prostituées à leur retour au village. Le deuxième, Les Cercueils de zinc, revient sur la guerre d’Afghanistan (neuf longues années), qui a mobilisé 120 000 soldats et dont le prix a été 15 000 morts et 50 000 blessés/mutilés à vie. Une guerre devenue honteuse avec des vétérans mis au ban de la société. Le troisième, La Supplication, raconte la catastrophe de Tchernobyl, en 1986, qui va mobiliser 500 000 personnes : « une histoire non héroïque de l’URSS, pleine de héros ordinaires ». On se reportera à ce terrible extrait lu par Hervé Dubourjal qui arracha des larmes à plusieurs participants à cette soirée. Qui s’achèvera avec La Fin de l’homme rouge, ce moment où, comme l’écrit Svetlana Alexievitch, « ils ont fermé le Parti ».

La soirée

 

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