Corbyn, Sanders : nouveau vent outre-Manche et outre-Atlantique ? Avec Keith Reader et Isabelle Richet.
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Ce 12 novembre 2015 (voir vidéos plus loin), une question. Si nous savons un peu de ces grands mouvements politiques et sociaux qui agitent aujourd’hui la Grèce, l’Espagne, le Portugal, se passerait-il, – tiens donc –, quelque chose en Grande-Bretagne, terre d’élection du thatchérisme et du blairisme, qui ont assuré pour l’un et accompagné pour l’autre le triomphe de l’ultralibéralisme, ou aux États-Unis, cette grande démocratie verrouillée par la machinerie bipartiste entre les partis Républicain et Démocrate, laquelle paraît rendre inébranlable le pouvoir de ce que le mouvement Occupy Wall Street a dénoncé comme une oligarchie ? Oui est la réponse : cette élection de Jeremy Corbyn à la tête du Labour, qui fait de ce responsable politique intègre, qui s’est toujours tenu éloigné des sortilèges de la « communication », et champion du refus des excès du néolibéralisme, le leader de l’opposition parlementaire britannique; et, aux États-Unis, pour la nomination du représentant du Parti démocrate à la prochaine élection présidentielle, l’incroyable écho de la campagne du sénateur du Vermont, Bernie Sanders, qui a l’audace de se dire socialiste, et bouscule Hillary Clinton, témoignant que Occupy Wall Street a exprimé un profond mouvement de fond de la société américaine, de refus des inégalités et d’aspiration à un vrai changement. Voilà qui mérite, sans cultiver la moindre illusion lyrique, de s’informer et d’analyser.
On en aura eu l’occasion ce soir, avec Keith A. Reader, professeur émérite de French Cultural Studies à l’université de Glasgow, et Isabelle Richet, professeur d’études américaines à l’université Paris-Diderot, spécialiste des mouvements sociaux, qui auront proposé des explications riches et précises permettant de mieux comprendre ce qui travaille dans ces deux sociétés et ce qui est en jeu. Certes, les limites sont évidentes, dans l’un et l’autre cas, mais leur portée ne saurait en être sous-estimée. Faut-il y lire les signes qu’existe, dans des sociétés très différentes, mais toutes confrontées aux effets impitoyables du capitalisme contemporain, une même lame de fond annonciatrice de possibles contestations d’ampleur ? Le débat, fort riche, a soulevé cette autre question, et celle, épineuse, de la nécessaire articulation à construire entre mobilisations sociales et construction politique, y compris au plan institutionnel.
Une soirée de réflexion qui aura permis de faire entrer dans le champ de notre réflexion critique ces deux réalités américaine et britannique dont on est souvent tenté de relativiser l’intérêt. Heureuse surprise !
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