Podemos : la surprise venue d’Espagne. Avec François Sabado.

SABADO

Salle comble au Lieu-dit, ce jeudi 28 mai 2015, pour débattre avec François Sabado de Podemos. Il faut dire qu’en cette période, les bonnes nouvelles sont rares. Or, l’émergence de Podemos – et ses succès électoraux récemment confirmés – est une heureuse surprise : titre de la conférence !
Confirmation, avec Syriza bien sûr, mais aussi avec d’autres expériences en Europe du Sud, mais pas seulement, que sont à l’œuvre des dynamiques de réorganisation du mouvement ouvrier et de la gauche radicale.
Podemos est un phénomène politique bien spécifique. François Sabado a précisément expliqué en quoi il renvoie aux particularités de la situation d’une Espagne durement frappée par la crise et l’austérité, et aussi marquée par de puissants mouvements sociaux sous le signe de l’indignation. La crise politique proprement dite a conduit à l’actuelle explosion du bipartisme : l’affirmation d’un troisième parti à côté du PP et du PSOE, mais ici, à la différence de la France, bien à gauche. Et aussi l’affirmation éclair de Ciudadanos, possible réponse au risque de déliquescence de la droite classique.
Il faut donc se féliciter. Mais aussi analyser.
Podemos, a expliqué François Sabado, est une force radicale anti-système, mais qui ne s’assume pas comme anticapitaliste, donc avec des limites. Ce qui interdit de cultiver l’illusion d’une possible victoire rapide, résultant d’un assaut contre des partis institutionnels en voie d’effondrement.
L’Espagne n’est pas la Grèce. Et le PSOE n’est pas le Pasok. Les référents idéologiques qui ont permis une communication très efficace et d’impressionnants succès électoraux – l’opposition entre « le peuple et la caste » – ne sont sans doute pas en mesure de répondre aux défis de la situation. Ceux d’une alternative au néolibéralisme, de l’unité de classe nécessaire pour répondre aux contradictions liées aux questions nationales fort prégnantes au sein de l’État espagnol (en particulier en Catalogne et en Euskadi), des alliances électorales envisageables face à une droite brutale (incluant les composantes d’extrême droite franquiste), du type de formation politique nécessaire (même si on ne l’appelle pas parti), des contraintes résultant d’une inscription à présent importante dans les institutions…
Autant de questions difficiles, qui provoquent la discussion.
Celle-ci fut animée et riche. En toute conscience qu’il ne peut s’agir que d’un premier débat, qui en appelle d’autres. Afin de suivre attentivement une expérience en cours, dont on sait que les effets ne s’arrêteront ni aux Pyrénées ni aux côtes méditerranéennes.

La conférence

Le débat

François Sabado est membre du bureau exécutif de la IV° Internationale.