Critique de la déraison touristique. Par Rodolphe Christin.

Mercredi 6 mars 2024, la Société Louise Michel, une fois n’est pas coutume, s’est intéressée au tourisme. Elle recevait Rodolphe Christin, sociologue, auteur, entre autres ouvrages, de L’Usure du monde. Critique de la déraison touristique. On n’ignore pas que l’humanité, depuis toujours, a eu le goût des grands déplacements. Ni que de longue date les aristocraties – ensuite imitées par les bourgeoisies – ont cultivé l’amour des voyages. Et on n’oublie pas que c’est récemment dans l’histoire, et pas partout, que le salariat a conquis le droit aux « congés payés » et au « temps libre ». Rodolphe Christin nous a convaincus que le tourisme contemporain est une toute autre réalité. Le capitalisme fait du tourisme un « service », soumis aux exigences du productivisme et du consumérisme. La valeur humaine du voyage et la dynamique émancipatrice du temps libéré en sont étouffées. Rester chez soi devient une souffrance, à laquelle le seul remède est de « partir », « se mettre en vacance »…

Cela au prix d’inégalités sociales aggravées et de destructions de l’environnement multipliées. Une « déraison » que symbolise la démesure des monstres marins que les voyagistes proposent à leur clientèle croisiériste. Bref, les fantasmagories du Capital nous emprisonnent où qu’on aille.

Un débat très animé aura suivi l’exposé du conférencier, témoignant que, face à la pertinence de son analyse, on rechigne à renoncer au désir de voyager. Ni à la volonté de défendre le sens des rencontres avec des humains avec lesquels autre chose s’échange que de l‘argent, et des visites des milieux ayant préservé leur différence. Quitte à découvrir que parfois ils peuvent être géographiquement fort proches.

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