Mélancolie de gauche, une tradition cachée. Avec Enzo Traverso.

Mardi 13 juin 2017. Dernière soirée de la saison SLM 2016-2017. (Plus loin sa vidéo). Qui l’ignorerait ? La culture de gauche — anarchiste, socialiste, communiste — s’est toujours projetée dans le futur, en y inscrivant le souvenir d’un passé de luttes. Mais, relèvera Enzo Traverso, présentant son dernier ouvrage, la fin du « socialisme réel » – il y a presque trente ans – a rompu cette dialectique entre passé et futur, et engendrant une vision mélancolique de l’histoire, tournée vers la remembrance des vaincus. Or, la chose n’est pas nouvelle. Il s’agit d’une tradition de la gauche, mais « cachée ». Son principal représentant est sans doute Walter Benjamin, mais elle inclut une vaste constellation d’auteurs, d’Auguste Blanqui à Rosa Luxemburg, de Lucien Goldmann à Daniel Bensaïd. Et cette mélancolie-là n’est ni passive ni résignée ; elle tisse la trame d’un travail de deuil qui stimule la pensée critique et la refondation d’un projet émancipateur.

Le débat aura porté sur le sens à donner à cette notion de mélancolie, et aura eu aussi trait aux différences entre les générations militantes.

L’enregistrement

Enzo Traverso est né en Italie en 1957, il a enseigné les sciences politiques à l’Université de Picardie Jules-Verne. Il est professeur de sciences humaines à Cornell University (Ithaca. New York). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, traduits en une douzaine de langues. Parmi ses derniers travaux, Le Totalitarisme (Seuil, 2001), La violence nazie (La Fabrique, 2002), À feu et à sang. La guerre civile européenne 1914-1945 (Stock, 2007 ; Hachette-Pluriel, 2009). À La Découverte, il a publié Les Juifs et l’Allemagne (1992), L’Histoire comme champ de bataille. Interpréter les violences du XXe siècle (2010, 2012), et cette Mélancolie de gauche. La force d’une tradition cachée, XIXe – XXIe siècle (2016)


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