Quelle crise des migrants ? Quel afflux de réfugiés ? Avec Claude Calame, Claire Rodier et Marie-Christine Vergiat.

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3 mai 2016. Forte affluence au Lieu-Dit, pour ce débat organisé conjointement par La Société Louise Michel et la revue ContreTemps. (Voir vidéo plus loin).

Les trois intervenants – Claude Calame (helléniste, directeur d’études à l’EHESS), Claire Rodier (directrice du Gisti), Marie-Christine Vergiat (députée européenne du Front de gauche) – ont proposé informations et réflexions sur les questions posées : Qui sont ces femmes et ces hommes contraints à l’exil ? Quelles sont les raisons de l’exil, de la migration ? Quelles sont les motivations de la politique discriminatoire, répressive et inhumaine dont ils sont les victimes ? Que pouvons-nous, que devons-nous faire face à une négation collective et politique des droits de l’homme les plus élémentaires ?

Il était clair pour tous que l’Union européenne ne se donne pas pour objectif de répondre au défi que représente l’arrivée de ces migrantes et migrants, mais se contente de « gérer » le problème. Le prix à payer sur le plan humain est effroyablement élevé : des milliers de morts, des disparitions de mineurs, la misère dans laquelle sont plongés ces femmes et ces hommes, en violation de leurs droits de réfugiés et du devoir d’hospitalité.

Mais cela ne va pas sans profits pour ceux qui sont en charge du verrouillage des frontières, de la surveillance des personnes, ce que Claire Rodier qualifie de « xénophobie business ».

Ainsi s’érigent des frontières barbelées aux limites de l’Europe, et à présent un peu partout en son sein, se négocient des accords avec les États limitrophes, tel ce marchandage honteux entre l’Union européenne et la Turquie, et s’installent, de Calais à Lesbos et Idoméni, des camps ignorant tout respect de la dignité humaine.

Un vif débat a permis d’échanger sur des questions aussi difficiles que décisives. Cette situation est-elle la manifestation d’une crise de décomposition de l’Union européenne, ou au contraire la vérité de ce qu’elle est et le renforcement de son devenir ? Faut-il désespérer des réactions des populations, ou au contraire juger encourageantes les innombrables manifestations, certes peu médiatisées, des habitants qui se mobilisent en solidarité avec les migrants, pour défendre le droit des enfants à la scolarité avec RESF, pour apporter de l’aide aux exilés en difficulté, un peu partout en Grèce, en Italie, en Allemagne, à Calais ? Et la question de l’évacuation du lycée Jean-Jaurès fut soulevée puisqu’elle était annoncée pour le lendemain matin.

La conférence et les débats