Quand la droite occupe la rue… Avec Danielle Tartakowsky
LES ENREGISTREMENTS
La conférence
C’était le 11 février 2014. Dans un exposé combinant le rappel de manifestations passées (de la première partie du XIXe siècle à la manifestation sur l’école de 1984) et la description de la « manif pour tous » et de ses suites, Danièle Tartakowski a d’abord insisté sur un premier point : les manifestants d’aujourd’hui ne font pas référence au passé. Ils ne s’inscrivent pas dans une filiation et semblent souffrir d’amnésie.
Pourquoi ? Il y aurait deux raisons : Quand on parle au nom de l’« ordre », l’ennemi traditionnel c’est justement la « rue » (en fait le, mouvement ouvrier).
– Comment hériter de la manifestation insurrectionnelle de 1934 ? C’est en grande partie inassumable !
– Il y a une discontinuité des organisations qui manifestent : sauf deux acteurs : l’Église catholique et l’Action française (constituée en 1909 après la défaite des antidreyfusards) dont on avait cru, à tort, que c’était quelque chose de résiduel.
(À l’inverse, à gauche on commémore toujours une histoire.)
Comment comprendre ce retour d’une droite radicale, aujourd’hui ?
Cette droite de combat est une droite maurrassienne : elle fait appel au « pays réel » (famille, régions, travail), à l’« ordre naturel » qui s’oppose au « pays légal ».
Toutes ces idées ont été formulées par Maurras :
– Il y a une légitimité supérieure à la loi
– C’est un terreau pour le nationalisme, la xénophobie, le racisme
– C’est ce qui a constitué le cœur du régime de Vichy
Cette droite de combat possède une culture de la violence de rue. Elle s’oppose aux forces de l’ordre au nom de la lutte contre le « désordre établi ».
On peut considérer qu’il y a un changement de nature des manifestations à partir du moment où la loi est votée. Alors quelque chose de nouveau apparaît dont le Printemps français et Jour de colère sont l’expression. Ils sont sortis des codes habituels et se réclament d’autres modèles (comme les révolutions arabes). Il s’agit de « faire et défaire les régimes » comme ce fut le cas dans la première partie du XIXe siècle
Il ne faut pas confondre cette violence de rue avec celle utilisée par certains acteurs sociaux qui n’ont pas à leur disposition l’arme de la grève : les paysans, par exemple, qui ont besoin de « mettre en scène » leur colère.
Il faut se rappeler que le 12 février 1934, une riposte a été organisée à la manifestation insurrectionnelle du 6 qui a été vécue comme une tentative de coup d’État fasciste (de type mussolinien). La riposte a eu lieu à l’initiative de la CGT, rejoint par les partis de gauche sur un objectif précis : défendre la République menacée. L’initiative est ensuite rendue aux partis : ce sera le Front populaire.
Il faut souligner qu’à droite, il n’y a pas d’interactions de ce type entre la rue et les partis.
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