Le devenir grec de l’Europe néolibérale. Avec Vicky Skoumbi, Benjamin Coriat et Claude Calame

C’était le 6 février 2013 (Voir vidéos plus loin). Notre sociétaire Claude Calame, anthropologue helléniste, directeur d’études émérite à l’École des hautes études en sciences sociales, concluerait cette soirée par une référence à la Constitution des Athéniens, attribuée à Aristote : « (Solon) leur dit [à quelques amis ploutocrates] qu’il ne toucherait pas aux terres et qu’il abolirait seulement les dettes [publiques et privées]. Se hâtant de prévenir la publication de la loi, les premiers empruntèrent des sommes considérables, et en achetèrent de grands fonds de terres. Quand le décret eut paru, ils gardèrent les biens, et ne rendirent pas l’argent qu’ils avaient emprunté. » Crise de la dette au VIe siècle av. J.-C. et comment il en fut tiré juteux parti par la finance d’alors…

Auparavant, Benjamin Coriat, professeur d’économie à Paris XIII et coprésident du collectif les Économistes atterrés, avait raconté comment les idéologues du néolibéralisme, faillis en 2008 avec la crise financière, sont repassés, masqués, à l’offensive, transformant par un tour de passe-passe celle-ci en « crise des dépenses publiques ». Otage de cette mascarade : la Grèce, instituée homme malade de l’Europe. Mais rien n’y fera, promet Coriat, ça ne marchera pas. Et il y aura du monde au rendez-vous. Urgence il y a, rappelait Vicky Skoumbi, rédactrice en chef de la revue αληthειαbrossant le tableau des « succès » du néolibéralisme dans son pays, avec dans le décor la montée des nazis d’Aube Dorée : élimination progressive des populations « superflues », ces catégories vulnérables qui sont considérées comme des « poids sociaux », terreur sur les immigrés, assauts frontaux contre les droits des salariés, recul des libertés fondamentales, instauration d’un État d’exception qui ne dit pas son nom. Sous le regard placide d’une certaine Europe.

Cette soirée était dédiée à la mémoire de Shehzad Luqman,
jeune Pakistanais tué à coups de poignard le 17 janvier, par deux « bons gars », dont l’un pompier, membres d’Aube Dorée.

 

PARTIE I : L‘introduction de Claude Calame

PARTIE II : Benjamin Coriat 

PARTIE III : Vicky Skoumbi

PARTIE IV : Le débat